“Tu sais pas quoi ? Je viens au bureau mardi !”
Ou : où, comment et pourquoi télétravailler.
La question du rapport entre un pangolin et le cours de l’action des GAFAM peut vous sembler rhétorique aujourd’hui, à tête reposée et nez récuré (maintes fois). Mais il y a 3 ans à peine, on vous a peut-être ri au nez quand vous avez tenté subtilement d’aborder la question de l’intérêt de vous avoir équipé d’un pc portable si celui-ci est systématiquement accroché au même bureau — et ce, au bureau justement —
Alors forcément aujourd’hui en parlant de télétravail et vu l’Histoire, on pourrait croire que je m’attaque vaillamment à l’invention de l’eau tiède. Tout a été dit. Tout ? Non ! Un village peuplé d’irréductibles gaulois résiste encore et toujours à l’envahisseur. Je discutais avec un ami pas plus tard qu’il y a 3 jours, un ami qui me disait que son but à court terme était d’apprendre à télétravailler.
Drôle d’idée non ?
Pourtant c’est un réel besoin pour lui, et ce malgré son doctorat en informatique, ses années d’expérience et la promotion des bonnes pratiques omniprésente dans son travail (le genre de gars à avoir toute sa CI rouge si il manque une Docstring, si vous voyez ce que j’veux dire).
Parce qu’il ne considère pas le télétravail comme une évidence, et encore moins comme étant gagné d’avance.
Et vous savez quoi ? Je pense sincèrement qu’il a raison. Et que j’ai eu tort.
Les lecteurs attentifs de ce blog savent que j’ai toujours travaillé dans l’écosystème dit “startup”. Et pour moi le télétravail a toujours été un acquis. J’ai même commencé ma carrière dans un coworking avec mon CTO à ma droite et une autre société sur le bureau d’en face.
Quoi ? Mais dans un coworking on est au bureau ! Ça n’est pas du télétravail !
Alors si. Télétravail n’est pas synonyme de travail à la maison, et aujourd’hui on va se baser sur la définition suivante :
💡 Télétravail === travail ailleurs que dans des locaux propres à l’entreprise de l’employé·e.
Comme dans tous les jeux sociétaux, on n’a clairement pas tou·te·s les mêmes cartes. Et les privilèges, comme partout, ça change la donne. Ce n’est pas les gens coincés au RDC d’un immeuble borgne pendant que leur collègue prend le soleil du Sud sur la terrasse de son AirBnB de troisième confinement qui me diront le contraire. Et la visioconférence du lundi matin n’arrangera en rien les choses pour celleux pour qui l’Arcep utilise le terme “zone blanche” et qui disposent donc d’un débit internet proche du transport de disquettes 3,5” à dos de tortue.
Alors attention, je fais le malin à utiliser de belles métaphores, mais bien sûr ce que je dis ici ne s’applique globalement qu’aux employé·e·s de bureau. Parce que pour la personne qui bosse à l’usine, le problème de débit internet pour la visio ça la fait doucement rigoler (sous le masque).
Mais même si on se cantonne à ce que j’ai principalement connu jusqu’à maintenant, on a déjà du grain à moudre. À commencer par le café. Prenez-en un d’ailleurs, ou un thé. Ou une bière si vous n’êtes pas au bureau.

Comme souvent, le télétravail peut fonctionner très bien comme très mal. Et je sais de quoi je parle, j’ai essayé les deux (pour toi public). L’important ici c’est de trouver son équilibre. Et cet équilibre n’est pas le même pour tout le monde ! Vous me direz, travailler systématiquement au bureau ne correspond pas à tout le monde non plus. Et vous aurez raison. Et je vous dirai oui ! Oui, et c’est l’intérêt majeur de la démocratisation du télétravail. Permettre à chacun de trouver l’équilibre idoine entre les différentes contraintes et avantages de chaque mode de fonctionnement.
Parce que tout n’est pas rose en remote, et tout n’est pas gris au bureau. Loin de là.
Je parlais d’équilibre pro / perso dans mon précédent billet, et le télétravail est un vrai bonus pour l’atteindre… quand bien utilisé. Sinon c’est une calamité qui va venir vous chercher au fond du lit (ou pire, au bar) pour le meet de 20h45.
Il faut cependant bien admettre que plus de souplesse peut s’avérer précieuse sans porter préjudice à la sacro-sainte productivité (bien au contraire). Un exemple tout bête ? Votre créneau de livraison de colis s’étend de 8h lundi à 19h lundi (d’après) ? Ça serait dommage de poser 8 CP pour les 4 minutes d’interruption effective de votre travail non ? Un autre exemple : les rdv médicaux qui nécessitent très rarement 8h d’absence et ne se soldent que trop souvent par une journée de congé sans solde.
À l’opposé du spectre on trouve malheureusement bien des désagréments. Le principal étant bien souvent lié au télétravail… à la maison. En effet, quand le télétravail est subi et non choisi, on est très rarement équipé correctement pour le faire chez soi. Très pragmatiquement, on peut citer l’équipement informatique (écran externe, périphériques dédiés, etc…) ainsi que le bureau et son fauteuil, un minimum ergonomique s’il vous plaît selon la médecine du travail. Mais le plus important dans le télétravail à domicile, ce qui peut transformer le tout en cauchemar, c’est bien un bureau. La pièce je veux dire. Rien de tel que de travailler sur son canapé ou dans son lit conjugal pour déclencher, subir puis haïr l’invasion de sa sphère personnelle par le boulot. La frontière jusqu’alors bien définie va finir par se flouter puis disparaître, et là adieu le droit à la déconnexion !
Et n’oublions pas les coûts financiers imputés aux factures perso par les activités pro ! 8h par jour de consommation électrique, internet, et les 17 cafés quotidiens sur la petite machine domestique, ça finit par s’accumuler au bout de 52 semaines ! D’aucuns diraient que ces factures devraient être réglées par l’entreprise au prorata de l’utilisation professionnelle, et ils auraient bien raison…
Vous me sentez amer peut-être, mais je suis pourtant un fervent défenseur du télétravail. Parce que j’ai un bureau dédié à la maison ! Les 50 minutes de train entre celle-ci à la campagne et le bureau d’Indy n’y sont pas pour rien non plus (coucou les pauvres parisiens prisonniers du RER).
Mais ce n’est pas pour autant que je prône le full-remote, ou l’absence de locaux dédiés. Bien au contraire, je suis ravi de faire les trajets hebdomadaires et de voir les collègues ailleurs que sur mon écran ! Je suis ravi de partager tous ces moments et interactions ailleurs que sur Slack. Je suis ravi de pouvoir dessiner au tableau blanc pour présenter ma dernière idée farfelue ou qu’on m’explique un détail d’architecture. Je suis ravi de rencontrer la dernière promo d’indies, fraîchement débarquée en début de mois (ah oui, on recrute toujours “un peu” par ici !).
Mais je suis aussi ravi d’éviter l’heure de pointe à Part-Dieu le lundi matin, je suis très content d’avoir la vue sur la forêt depuis mon poste, je préfère dépenser mes tickets-restau au restau qu’à la boulangerie du coin, et surtout, surtout, en bon geek du café le mien est meilleur que celui du bureau 🙃. Mais il n’est pas offert par Indy. Tout est question d’équilibre qu’il vous disait le mec au début de l’article.
Vous aurez peut-être compris maintenant que je ne suis pas là pour plaider une organisation du travail ou l’autre, mais bien les deux ! Les deux à la fois, les deux parfois, l’une ou l’autre selon les besoins de chacun et chaque situation, en bonne intelligence. Car parfois il ne faut que ça : du bon sens. Et j’espère sincèrement qu’à la fin de la pandémie — d’ici 2043 — quand tout sera revenu à la normale, on n’aura pas l’idée saugrenue de faire un bond en arrière vers les normes obsolètes d’hier. Et je me prends à parier qu’on continuera à faire des pas de côté et à joyeusement démonter les mauvaises habitudes jusque là accumulées.
Et toi alors ? Toi derrière ton écran sur ton canapé ou dans ton box. Tu paries avec moi ? Ou contre moi…
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